mercredi 21 novembre 2007

PETITE HISTOIRE DE LA RUE DE LA FORGE ROYALE

Lors de recherches à la bibliothèque historique des PTT, j'ai eu la curiosité de consulter l'annuaire de Paris par rues de 1970. Parmi les commerces et activités de la rue on comptait une épicière, Mademoiselle Touitou, un "commerçant", M. Marquès, un bijoutier, M. Lévy, un M. Crombez dans le secteur des "luminaires bambou", un tailleur, M. Morgentin, un tapissier du nom de Couture, un boucher, M. Goldminc, un Napolitano, ébéniste, un vernisseur, un café, une Maria Adenis boulangère, un fabricant de luminaires en fer forgé, un miroitier; sans compter un professeur, Mme H. Debove et une receveuse RATP, une certaine Mme Goffinet dont je ramassai l'année dernière, lors, je suppose, de son décès ou de son départ vers une riante maison de retraite, parmi quelques déchets, un lot de cartes de visite inutilisées. Il y avait aussi un certain nombre d'entreprises moins pittoresques dont un frigoriste, un vendeur de panneaux en contreplaqué, une imprimerie, la S.I.C.A.G, un agent d'assurances, M. Gérard, quelques plombiers-chauffagistes etc.
On repère encore quelques traces de ces activités : au n° 25 une façade peinte en jaune à même le mur est surmontée de la raison sociale de l'ancienne activité dessinée dans une impressionnante typographie noire et blanche : MORSE RADIO réparateur d'appareils de TSF et de machines à laver tombées en carafe. Au n° 4, occupé maintenant par un bureau anonyme, camouflé derrière des stores vénitiens, des adhésifs miroir et des plantes vertes en bout de course, l'élégance défraîchie de la devanture en marbre signée "Ch. Grossman installateur" rappelle la boucherie qui était établie au même endroit sous le nom de Société Générale d'Alimentation Contre la Vie Chère.
A 20 mètres, rue de Candie, il y a une ancienne station-service ANTAR fermée depuis une dizaine d'années. Son propriétaire, dont la photo du général Massu (personnellement dédicacée s'il vous plaît) veillait sur le bureau, me déclama un jour une de ses rédactions, dont je me rappelle juste un passage sur la timidité de la violette. Il continua à cultiver ses orchidées, en pestant, dans son garage fantômatique, des années après la fermeture. En face, au dos des immeubles impairs de la rue de la forge royale, à la place du gymnase dessiné par Massimiliano Fuksas, le terrain était occupé par des ateliers et des cabanes en bois d'un étage au plus où travaillaient une foule d'artisans, vernisseurs, laqueurs, patineurs etc. Ces baraques ont disparu pendant un incendie en 1973. Le terrain demeura vague jusqu'à la construction du gymnase, dans les années 80. D'après certaines sources fiables, la rue était un repaire de clodos et de junkies. On sent toujours que des parcours ancestraux y ramènent les vagabonds les yeux fermés. Un paisible clochard est notre voisin depuis quelques mois. Il a élu domicile dans un renfoncement abritant la sortie de secours d'un club de fitness par où filtrent des bribes de disco parfois couvertes par les injonctions de l'entraîneur. Installé sur un matelas qu'il ne quitte que rarement : assis le jour, allongé la nuit où il rale comme un bon bourgeois contre les noceurs qui rentrent tard et l'empêchent de dormir.

"NOCTURNE ROYALE" !!!!!!!

Ca y est c'est officiel!!!Nous vous invitons au nouvel événement des Créateurs et Récréateurs de la Rue de la Forge Royale.
Un Lieu : La rue de la forge Royale
Une date : LE 6 DECEMBRE 2007 de 18H A 22H30
Une équipe : Les Créateurs et Récréateurs de la rue vous concoctent un nouveau programme dans une nouvelle amiance...Celle de Noel
Un programme : Des expositions, des ateliers, de la musique, des voeux et des lumières dignent d'un Noël féérique...

VENTES PRIVEES CHEZ LILLIBULLE

lundi 19 novembre 2007

Actualités....

Bonjour,

Nous sommes heureux de vous annoncer la naissance d'une nouvelle association : "FORGE ROYALE".

Elle regroupe les créateurs et ré-créateurs de la rue ; son but est de développer et mieux faire connaître l'identité créative (et récréative) de cette rue historique de notre arrondissement.

Nous ne manquerons pas de vous faire part de notre actualité, qui devient de plus en plus riche, grace aux talents réunis...

mardi 13 novembre 2007

Jean-Pierre Boyer, dit BAIARDI, à lagalerie...



BAIARDI, LA MEMOIRE A CIEL OUVERT

Qu’est-ce que l’on efface? Qu’est-ce que l’on garde ? Quel tag deviendra fresque ? Qu’est-ce qui fonde la valeur de notre présent ? De quoi est faite notre mémoire commune ? Quelles sont les images, les mots qui la constituent ?
Autant de questions qui rappellent le poème de Brecht « Questions que pose un ouvrier qui lit » et qui signent le même rapport au réel, la même volonté de s’y colleter, de ne pas ruser.

BAIARDI collecte les images de notre temps, celles des magazines des salles d’attente, des poubelles jaunes réservées au papier. Des images qu’il sélectionne en fonction d’une tonalité, d’un thème, d’une couleur, de son état d’âme et qu’il déchire, car il a un principe, ne jamais conserver une image entière et ne jamais corriger la découpe, aléatoire.
Des images qu’il va ensuite dénaturer, lier physiquement par le grattage, la griffure, l’estompe, le vernis, afin de les faire entrer dans une nouvelle identité, un nouveau cadre, vestiges de nos mémoires contemporaines.

Les visages, les gestes, les scènes érotiques, les objets que met en scène BAIARDI semblent ainsi exhumés d’époques anciennes, avec ce sentiment d’éloignement et de familiarité que l’on retrouve dans les rêves quand le temps, la distance, l’oubli ont accompli leur travail de brouillage, de codage. Mais le paradoxe c’est qu’il s’agit là d’images actuelles, triviales, qui revêtent par le travail iconoclaste du peintre le statut et la posture d’icônes. Emblèmes d’un présent déjà enfoui, perdu, symboles d’un monde à l’envers où la vraie vie ne pourrait se décrypter que dans les traces d’un temps qui à peine vécu serait déjà relégué.

Martine Vantses