mardi 13 novembre 2007

Jean-Pierre Boyer, dit BAIARDI, à lagalerie...



BAIARDI, LA MEMOIRE A CIEL OUVERT

Qu’est-ce que l’on efface? Qu’est-ce que l’on garde ? Quel tag deviendra fresque ? Qu’est-ce qui fonde la valeur de notre présent ? De quoi est faite notre mémoire commune ? Quelles sont les images, les mots qui la constituent ?
Autant de questions qui rappellent le poème de Brecht « Questions que pose un ouvrier qui lit » et qui signent le même rapport au réel, la même volonté de s’y colleter, de ne pas ruser.

BAIARDI collecte les images de notre temps, celles des magazines des salles d’attente, des poubelles jaunes réservées au papier. Des images qu’il sélectionne en fonction d’une tonalité, d’un thème, d’une couleur, de son état d’âme et qu’il déchire, car il a un principe, ne jamais conserver une image entière et ne jamais corriger la découpe, aléatoire.
Des images qu’il va ensuite dénaturer, lier physiquement par le grattage, la griffure, l’estompe, le vernis, afin de les faire entrer dans une nouvelle identité, un nouveau cadre, vestiges de nos mémoires contemporaines.

Les visages, les gestes, les scènes érotiques, les objets que met en scène BAIARDI semblent ainsi exhumés d’époques anciennes, avec ce sentiment d’éloignement et de familiarité que l’on retrouve dans les rêves quand le temps, la distance, l’oubli ont accompli leur travail de brouillage, de codage. Mais le paradoxe c’est qu’il s’agit là d’images actuelles, triviales, qui revêtent par le travail iconoclaste du peintre le statut et la posture d’icônes. Emblèmes d’un présent déjà enfoui, perdu, symboles d’un monde à l’envers où la vraie vie ne pourrait se décrypter que dans les traces d’un temps qui à peine vécu serait déjà relégué.

Martine Vantses

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